Solidarité
Dans les bonnes familles les choses se passent toujours bien pour les plus faibles d’entre nous. Dans l’intimité, ils reçoivent naturellement du temps et de l’attention de la part des plus forts, et tout ce qui leur faut. Mais malheureusement notre Société n’est pas si bienveillante que cela et les problèmes surviennent quand ces conditions ne sont pas réunies. Quand la famille est inexistante ou affaiblie, quand le village ou la communauté de soutien n’existent plus ou ne soutiennent pas cette cellule, la personne vulnérable s’expose, tôt ou tard, immanquablement, à toutes sortes de risques et problèmes.
Et notre civilisation, dite moderne et orientée travail, continue à affaiblir cette « Cellule Familiale Bienveillante ». Alors en compensation elle a créé des institutions « gérées » qui tentent en vain, ou arrivent tant bien que mal à protéger les plus faibles, mais sans jamais pouvoir le faire de façon équivalente.
Du reste que ce soit en Famille ou en Institution, toutes sortes d’événements indésirables surviennent au malheur des plus vulnérables.
Notre Société ne comprend toujours pas que la défense et la protection ultimes des personnes vulnérables n’est pas l’affaire de belles familles ou d’institutions « gérées », aussi respectables soient-elles.
La défense et la protection ultimes des personnes vulnérable est l’affaire de personnes physiques bienveillantes, de cœur et de confiance, soutenues par une Société solidaire.
Cette chose-là, évidente, doit être sans cesse répétée pour la « Normalité ». Et il est illusoire de penser pouvoir assurer l’efficience des institutions par des contrôles du même ordre.
Une autre évidence à rappeler : la gouvernance et le pilotage de la Vie des Personnes Vulnérables ne commencent pas et ne finissent pas aux portes des belles familles ou des établissements « normés », fussent-ils parmi les plus méritants.
L’évaluation doit venir des bénéficiaires eux-mêmes, placés spécifiquement dans un environnent d’intimité et de sécurité leur permettant de le faire, aidés, sans risques de retours de flammes et de contre-mesures de régulations, aux seuls pouvoirs et appréciations des acteurs justement objet de cette évaluation.
Notre civilisation moderne, qui malmène depuis des décennies l’idée de famille, a favorisé la démission des proches bienveillants et l’abandon des plus faibles avec bonne conscience, tout en décourageant et en épuisant chaque jour, par fatigue destructive, les innombrables aidants-aimants qui n’entendent pas s’y soumettre.
Le dogme d’un moment fût d’avoir bonne conscience en confiant nos protégés aux institutions et aux professionnels au sein d’un système d’une remarquable complication, toujours plus normées et sophistiquées, perdant l’âme et le sens naturel qu’il aurait convenu de préserver.
En dépit, et à cause de la présence permanente d’innombrables acteurs intelligents, formés et essayant de bien faire, ce fût d’oublier de penser que, loin des yeux et des cœurs, les plus forts arbitreront toujours en fonction de leurs propres intérêts. Une dure réalité qui nous a conduit à constater que le Système dit “solidaire” aime tant aujourd’hui les personnes vulnérables et les met tant au centre de ses préoccupations, qu’il les mange et qui les digère.
Alors les aidants-aimants tentent de compenser les incomplétudes infinies d’une Solidarité ainsi malmenée. C’est ce que les parents, les amis et les proches ont pensé faire en essayant de recréer de grandes familles parentales, ou bienfaisantes, militantes, par le biais d’institutions qu’elles pouvaient croire maîtriser.
Et maintenant, avec une injonction d’inclusion qui a oublié de dire comment, cela est encore pire parce que le cocon fragile qui se voulait déjà difficilement protecteur n’existe même plus, à la grande inquiétude justifiée des proches.
Ainsi faut-il revenir à la notion de « Cellule Familiale Bienveillante » peut-être moins naturelle mais, si nécessaire revisitée, reconstituée et consolidée. C’est le chemin incontournable pour une intimité, renforcée, continue, pour reconstruire un environnement de proximité en mesure d’accorder du temps et de l’attention à la Personne Vulnérable et de rééquilibrer les positions par l’effet d’un contre-pouvoir à inventer : le contre-pouvoir de la personne vulnérable augmentée.
Chaque personne vulnérable, chaque situation, doit donc faire aujourd’hui l’objet d’une vérification simple :
Qui est autour de la personne, pour faire quoi, avec quels pouvoirs et avec quel accord de la Personne. Quel temps et quelle attention ces acteurs-là réservent-ils à la personne. Quelles conventions les lient, dans quelle organisation dédiée à la personne, dans quels rôles, avec quels soutiens, renforts et supervision ? Quelle est donc cette organisation qui n’appartiendrait donc qu’à la personne vulnérable et que tous devraient servir ?
Eh bien sachez-le, quand cette question-là est posée comme cela au sein même des plus prestigieuses institutions, rien de bien clair ne vient. Pire on constate que cette approche organisationnelle autour et pour la personne ne vient plus à l’esprit et n’est donc pas inscrite dans les plans d’action, tout simplement parce que les esprits sont encombrés par d’autres préoccupations.
Revenons donc au naturel bienveillant. Toute personne vulnérable devrait pouvoir disposer d’une « Cellule Familiale Bienveillante » étendue pour une intimité continue, non prégnante et acceptée par la personne pour le bien qu’elle lui procure, pour le temps et l’attention qu’elle lui accorde.
Cette « Cellule Familiale Bienveillante » là, trop souvent insuffisante ou perdue, doit être reconstituée par des acteurs qui protégeront et défendront la personne contre tout, tous le temps et partout, de façon continue et qui s’occuperont en permanence de sa situation pour trouver, négocier et évaluer les meilleures compensations possibles offertes par la solidarité.
Cette Cellule d’intimité n’est pas facile à reconstituer par le fait que les acteurs de confiance qui la composent devront se relayer quand ils faiblissent ou disparaissent, et s’entendre avec la Personne dans des rôles à préciser et sous contrôle éthique de la Solidarité.
La difficulté provient aussi par le fait que cette « Cellule Familiale Bienveillante » étendue (qui permet à la personne de s’autodéterminer, de porter sa parole et de la défendre) est encore loin d’être comprise et donc loin d’être admise par notre société, et qu’il faut donc l’inventer, la faire comprendre et la vérifier.
C’est spécifiquement l’un des enjeux de la grande proposition de DEDIĈI.
DEDIĈI propose une organisation au-dessus de tout, n’appartenant qu’à la personne vulnérable, décrite par un méta-processus principiel, et contenant cette fameuse « Cellule Familiale Bienveillante » en 3 rôles, en tête d’une organisation en 5 rôles d’une simplicité édifiante, pour répondre au compliqué du système de solidarité et de ses défaillances, et qui invite tous les acteurs à une compréhension collective, à ce fameux alignement cohérent tant attendu par les plus faibles et leurs entourages.
Nota : La « Cellule Familiale Bienveillante » » dont il est question ici s’appelle aussi triade d’autodétermination dans d’autres articles du même auteur.