Un tsunami se profile pour les établissements médico-sociaux

L’autodétermination de la personne handicapée est un principe citoyen défendu par l’ONU et par la France, pays signataire de ses chartes. Sa mise en œuvre va bouleverser professionnels et institutions. Pour illustrer l’impact de ce tsunami, je vous propose la métaphore que voici.

Dans un pays de pénurie, imaginez une épicerie au cœur d’une population à nourrir. Elle ne reçoit que des clients qu’elle sélectionne. Ceux-ci,  habituels captifs en situation de dépendance non forcement consentante, sont contraints de venir au magasin pour recevoir un minium.

Les clients ne paient pas directement l’épicerie. Les impôts qui les taxent sont réorientés vers l’épicerie par des tiers qui décident des enveloppes qu’ils jugent suffisantes pour nourrir  cette population. Toute l’organisation de l’épicerie se résume à imaginer des paniers imposés, limités au bon vouloir de tiers, et à s’assurer que ses vendeurs sont bien présents pour distribuer ce qu’ils imposent. Le fonctionnement est régulier, sans grosses surprises. Quand le personnel  de l’épicerie vient à être manquant ou doit organiser… son organisation, l’épicerie ferme tout simplement ses portes et les clients doivent se débrouiller autrement. L’épicerie est jugée bien fonctionner par le fait qu’elle s’active et qu’elle ne dépense pas plus que ce qu’on lui a attribué.

Les clients ne peuvent rouspéter parce que cela pourrait être pire pour eux. Ils se taisent. Ils sont bien contents de dire que tout va bien.

Vient un jour où le pouvoir change de main. Il est désormais permis au client de s’autodéterminer. On l’accompagne. On lui donne la possibilité de choisir ce qu’il veut manger en fonction de ses besoins équilibrés. Il émet donc d’autres choix. Ses impôts lui sont reversés pour qu’il puisse lui-même optimiser sa consommation. L’épicerie n’est plus propriétaire d’une clientèle captive et docile. Elle doit se reformer et passer en mode service. Chaque jour elle subit donc un flux de clients variables demandant toutes sortes de choses qu’elle n’a pas forcement. Les clients viennent à l’épicerie ou demandent à être livrés. Ils se fournissent partiellement d’une épicerie à une autre pour compléter ce qu’ils ne trouvent pas ici où là. L’épicerie est contrainte de coopérer avec d’autres épiceries pour équilibrer en permanence son offre. Les clients ne paient que s’ils sont contents des livraisons. L’épicerie est jugée sur l’utilité qu’elle produit au regard de l’autodétermination de ses clients.

Voila donc ce tsunami qui se profile. Alors, épiceries du monde du Handicap, anticipez !